Diagonale Brest – Menton (2/2)

C’est l’hiver, le temps des projets… pourquoi pas une Diagonale ou une Eurodiagonale ? Vous allez découvrir au fils des jours, deux récits de ces randonnées pas tout à fait comme les autres.

Mercredi 8 juillet 2015

2e étape. 329 km. Saumur – Saulcet

Où même après 329 km, le Saint-Pourçain rosé est très appréciable (avec modération).

Départ à 5 h 15, Saumur est calme au petit matin, c’est très agréable de longer la Loire alors que le soleil commence à éclairer le ciel. Nous prenons un premier petit déjeuner à Chinon, où Sébastien en profite pour valider le BPF. La température est quasi idéale.

Nous passons de vallée de Loire à vallée de Vienne jusqu’à Sainte-Maure-de-Touraine, facile, puis ensuite par une route vallonnée, nous rejoignons la vallée de l’Indre, mais avec un vent de dos des plus plaisants.

À Châtillon-sur-Indre, l’auberge de la Tour nous propose des omelettes et andouillettes à un prix plus que raisonnable, nous craquons. Il n’est pas très habituel de s’asseoir à table à midi pendant une Diagonale, mais là, on est tellement bien ! Et puis nous respectons parfaitement l’horaire de passage prévu.

Le vent est toujours dans le bon sens, mais est-ce nécessaire de le préciser, notre avance est d’une bonne heure à Ardentes (contrôle). Nous passons à Culan (BPF du Cher) avec deux heures d’avance, nous en profitons pour manger quelques victuailles achetées à l’épicerie du coin, assis sur les marches de la magnifique église. À la sortie de la ville, nous pouvons contempler la forteresse médiévale. La température commence à augmenter, mais reste encore très raisonnable. Je passe un coup de fil à Christian qui nous attend à Saulcet pour lui annoncer une arrivée vers 23 heures.

La fin d’étape entre Cher et Allier, est particulièrement vallonnée, nous enquillons bosses et descentes sans discontinuer. L’arrivée sur le centre de la France (Vesdun) est musclée, nous sommes donc peu ou prou à la moitié de notre périple. La « montée » sur Le Montet, nous surprend un peu, mais nous savons qu’ensuite la plongée sur Saint-Pourçain-sur-Sioule arrive. C’est dans la nuit que nous entrons dans Saulcet, je navigue parfaitement jusqu’à notre gite. Il est 23 heures pétantes, quelle précision !

Nous ne sommes pas déçus, Christian nous attends appareil photo en main et, après une bonne douche, nous dévorons un plat de pâtes avec un rosé du cru d’excellente facture (le producteur habite en face). Nous sommes bien, nous parlons de choses et d’autres, …

Je ne vous donnerai ni le nom, ni l’adresse, vous seriez capable d’y aller.

Jeudi 9 juillet 2015

3ème étape. 272km. Saulcet – Valence

Où la présence de Velocio nous a beaucoup manqués pour traverser « sa » ville : Saint-Étienne.

Nous avons prolongé la nuit jusqu’à 6 h 30, ce qui nous permet de démarrer sans les lumières.

La route est plate jusqu’à Cusset (Vichy), où nous prenons un deuxième petit-déjeuner. Nous repartons en direction de la montagne, à l’attaque du Massif central. Une petite erreur de parcours, à la sortie de Cusset va nous faire rallonger d’environ 5 km. Au début de la bosse, la chaine de Sébastien trouve que son propriétaire appuie un peu trop fort à son goût. Elle casse. Un dérive chaîne, une attache rapide, la réparation est effectuée en deux temps trois mouvements. Ça monte régulièrement mais sûrement pendant 30 bornes, jusqu’au col du Beaulouis 824 mètres. Il fait un temps magnifique, nous savourons le fait d’être en altitude où la température est plus clémente que dans les vallées. Dominique souffre d’un début de tendinite, mais serre les dents. Il est un peu inquiet pour la suite, il lui tarde d’être à ce soir pour évaluer l’étendue du problème.

Nos diverses aventures nous ont retardé d’une heure, mais nous ne résistons pas à l’envie de nous asseoir au restaurant-hôtel de Londres à Saint-Just-en-Chevalet, sur une terrasse ombragée, le menu est trop alléchant. C’est jour de marché, beaucoup d’animations, des touristes en goguettes, et trois diagonalistes heureux. Curieusement le genou de Dominique va mieux. 

Nous entamons la longue descente vers… la vallée de la Loire que nous avions quittée à Candes-Saint-Martin hier matin, et que nous retrouvons à nouveau après 450 km, à Saint-Just-sur-Loire.

À Montbrison, nous avons deux heures de retard sur les prévisions. Sébastien prévient sa mère que notre arrivée sera retardée d’autant, mais nous avions prévu large.

Nous arrivons sur Saint-Étienne, et là encore, erreur de parcours, mais réaction rapide de Dominique. Ce n’est pas fini, notre traversée de la cité stéphanoise va s’avérer délicate, tant par la navigation difficile que par les montées à fort pourcentage. Nous mettrons une bonne heure et demie après avoir moultes fois demandé notre route. Il est 18 h 30 quand nous attaquons le col de la République, qui s’avère ardu dans sa partie basse et ensuite beaucoup plus facile (un long faux plat montant sur la fin). Dominique ménage sa monture, Sébastien hisse sa grande carcasse sans trop de mal, et c’est sans soucis que nous atteignons le col.

Nous nous prosternons devant la stèle de notre maître Vélocio. Au sommet, le trio est encore frais et dispo. Après un arrêt mousse à l’auberge du col, nous sommes prêts à attaquer la longue descente vers Annonay et ensuite la vallée du Rhône avec un mistral bienvenu qui va nous faire regagner le temps perdu dans Saint Etienne.

À Valence, la mère de Sébastien nous attend à l’entrée de son garage pour ranger nos vélos, heureuse de revoir son « petit » sain et sauf. Et oui madame, votre fils a de drôles de fréquentations, rouler nuit et jour sur un vélo pour rallier la Bretagne à la Provence, c’est pas très catholique, n’est ce pas ? Mais elle me dit qu’il est assez grand. Ce n’est pas faux.

Elle nous a préparé un gratin de pâtes avec crème fraiche succulent. Nous n’arrivons pas à terminer le plat, il faut être raisonnable. La nuit est chaude sur Valence, la canicule a fait sa réapparition. Le réveil sonne bien trop tôt, mais va bien falloir y aller. À l’heure où les croissants sont chauds, je n’ai pas l’âme d’un bourreau….de diago.

Vendredi 10 juillet 2015

4ème étape. 223 km Valence – Barrême

Où Napoléon sert de motivation à mes deux compagnons… et le vent aussi.

Le café est prêt à 6 h du matin. Merci Madame Bouteyre pour votre accueil mais votre fiston ne peut s’attarder. Nous reprenons la route à 6 h 15 pour la vallée du Diois, le vent est toujours extrêmement favorable, ce qui va nous permettre d’apprécier cette belle vallée bordée par la citadelle naturelle du Vercors. Passage à Crest, souvenir d’une semaine fédérale dans cette région si agréable pour la randonnée à vélo.

Nous traversons le site remarquable du « saut de la Drôme » après Luc-en -Diois.

Ensuite deux options possibles, col de Cabre ou col de Carabés (que j’ai choisi) certes plus haut de 80 m mais tellement plus calme et plus beau aussi. C’est dans la montée de ce col que se trouvent les sources de la Drôme, au village de La Bâtie-des-Fonts où nous nous désaltérons et rafraîchissons entièrement. Les pourcentages de ce col ne sont pas négligeables avec une portion à 15 % qui nous a fait souffrir, mais nous avons encore des ressources. Le genou de Dominique passe l’examen avec succès.

La longue descente sur une petite route vers Serres, dans la chaleur, nous oblige à une grande prudence, le goudron commençant à fondre par endroits.

Arrêt déjeuner à Serres à la brasserie « L’Estaminet » où nous dégustons une bonne omelette au jambon. Nous décidons, vu la chaleur, et aussi surtout pour être sûrs de trouver un gîte, de ramener notre fin d’étape à Barrême et non à Castellane. J’avais prévu suffisamment large pour le dernier jour. Grâce au patron de l’Estaminet, nous réservons une chambre d’hôtes à Barrême.

Nous retrouvons la route Napoléon à Sisterons. Il fait très chaud, arrêt rafraichissement sur la place centrale. Le vent nous aide, nous sommes en bonne forme et roulons bon train jusqu’à Malijai, où nous prenons une photo devant l’hôtel de ville où Napoléon passa la nuit au retour de l’île d’Elbe. Ce n’est pas vers Paris que nous fonçons mais vers Menton.

Nous empruntons ensuite la petite route du Chaffaut, qui est tout sauf plate. Les points d’eau fraiche sont les bienvenus. Il est 20 h 15 lorsque nous atteignons Barrême. Nous sommes logés dans une véritable suite. Après douche et bière*, nous allons nous sustenter, un très bon repas, servi par une accorte jeune fille, un peu débordée par son succès.

C’est une belle et longue nuit qui nous attend, nous prévoyons un départ à 5 h 15 pour profiter de la fraîcheur matinale.

Samedi 11 juillet 2015

5e étape. 149 km Barrême – Menton

Où nous savourons à sa juste valeur la fin de notre aventure.

La montée du col de Leques est magnifique au lever du soleil, dans des gorges somptueuses. Nous atteignons le sommet à 6 h 40. Ne reste plus qu’à se laisser glisser jusqu’à Castellane en espérant trouver un bar ouvert pour prendre un copieux petit-déjeuner. Nous le trouvons sur la place centrale, le snack bar l’Étape, le bien nommé.

Nous montons ensuite le col de Luens qui nous conduit sur le plateau qui mène à Gréolières. Ce sont les meilleurs moments de notre périple. Il ne reste plus que 70 km et il n’est que 10 h . Nous prenons notre temps sur la petite place de Gréolières où le patron du restaurant-bar la Vieille auberge a installé un petit panonceau sur sa fenêtre : « place des cyclistes ».
Nous nous installons donc à ce bar pour déguster une « Pietra » excellente bière corse à la châtaigne*. Un club local (Mandelieu), est attablé au bar voisin et nous propose de modifier notre parcours pour profiter de la beauté du col de Vence, nous déclinons poliment. Certes, cela aurait été avec plaisir, mais nous avons tout de même 1 300 km dans les jambes depuis lundi et une Diagonale à terminer.

Ensuite, c’est la plongée sur Nice. La promenade des anglais est noire de monde en ce samedi matin. Après avoir posté la carte d’arrivée, nous déjeunons face à la mer avant de prendre la corniche qui nous mènera à Menton.

Notre périple se termine à 16 h au commissariat de Menton. Accolades de bon aloi et dégustation de bière* sur le bord de la grande bleue, où nous admirons les baigneuses, confortablement installés dans un salon de plein air ombragé. Nous serions bien tentés par un plouf, vu la température ambiante mais la plage n’est pas naturiste.

J’adore qu’une Diagonale se déroule selon mes plans. Celle-ci a respecté en tout point le programme prévu, même mieux. Mes deux compagnons sont ravis de leur première expérience, qui plus est sur la plus belle de toutes, celle qui avait germé dans la tête de notre maître Velocio et fut réalisée en tandem par Georges Grillot et son compère Roger Coiffier (âgé de 19 ans) le 14 avril 1930.

Alors qu’en pensez-vous ? Une Diagonale c’est du cyclotourisme ? Bien sûr que oui ! Plus de 100 photos réalisées, repas au restaurant midi et soir, nous avons dormi dans un lit pour plus de cinq heures chaque soir. Les régions traversées sont toutes très belles. Loire et Rhône, deux de nos plus beaux fleuves traversés. Dix BPF (Brevet des provinces françaises, à savoir les lieux les plus touristiques de France). Une dizaine de cols escaladés. Notre superbe France quoi !

Merci à Dominique et Sébastien, c’est toujours un plaisir d’amener des nouveaux sur une Diagonale.

* L’alcool est à consommer avec modération. 

Texte et photos : Bernard Aussillou – Président de l’Amicale des Diagonalistes de France
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