Balade Islandaise #06

Durant plusieurs épisodes, nous vous invitons à accompagner Jacques et Francis dans leur balade islandaise qui s’est déroulé entre le 28 mai et le 29 juin 2018. Quatre semaines en cyclo-camping dans des conditions climatiques pas souvent favorables.

Épisode 6 : Que d’eau, que d’eau ! Du Hvannadalshnúkur à Kirkjubæjarklaustur

Dimanche 17/06/2018 à 23:45 Svinafell – Kirkjubaejarklaustur : 85 km


Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Hier je vous écrivais assis au soleil, ce soir c’est sous la tente en écoutant la pluie tomber, mais bon… c’est l’Islande. Ce matin nous sommes quand même partis sous un ciel partiellement dégagé qui nous a permis de voir le point culminant du pays : le Hvannadalshnúkur (je vous laisse le choix de la prononciation), qui domine la calotte glacière du Vatnajökull à 2 110 m. Un peu plus loin, nous nous arrêtons près de ce que l’on croit être une sculpture contemporaine.

C’est en fait une partie de la structure métallique d’un pont qui a été en partie emporté par les eaux lors d’une éruption volcanique en 1996. En effet, la fonte de la glace a provoqué le déferlement de 3 000 milliards de litres d’eau en quelques heures. Sur plus de 40 km, le paysage ressemble à un vrai désert de cailloux et de sable noir. Par endroits poussent tout de même quelques petites fleurs blanches ou roses.

 

 

Sur ces 40 km, la route est absolument plate, faite de très longues lignes droites avec une légère courbe tous les 8 km environ. Heureusement nous avons un fort vent favorable. Ensuite, nous traversons un très ancien champ de lave entièrement recouvert de lichens vert pâle, puis vient une zone de prairies bien vertes au pied de falaises d’où s’écoulent une multitude de petites cascades. Nous terminerons cette étape de 80 km dans un village de 120 habitants au nom imprononçable : Kirkjubæjarklaustur (les Islandais disent Klaustur). Les tentes montées, nous irons faire une balade à pied de 3,5 km sur un circuit balisé qui monte vers un lac au-dessus du village. Une fois sur la crête, c’est à peine si nous pouvons tenir debout à cause du vent, et nous rentrerons au camping trempés comme des soupes.

 

Le vent de face souffle en rafales


Lundi 19/06/2018 à 01:30 Kirkjubaejarklaustur – Skogar : 124 km

Le vent a soufflé très fort toute la « nuit », et il souffle encore ce matin. Malheureusement pour nous, il a changé de direction et est passé au nord.
Ce changement de cap met un peu de baume au cœur d’un cyclo-voyageur Nantais qui tourne dans le sens inverse du nôtre et qui hier a beaucoup souffert. Comme tous les matins, dans les campings équipés d’une cuisine, nous déjeunons de bonne heure pour éviter la cohue, car tous les soirs, et ce jusqu’à 22 h, les campings se remplissent. À 8 h, nous repartons sur la route circulaire (la route N1).

Nous traversons un champ de lave recouvert d’une épaisse couche de lichens vert clair qui donnent un relief tout en rondeurs. Quelques kilomètres de ligne droite plus loin, notre route passe au milieu d’une multitude de mamelons qui ressemblent à d’énormes taupinières.

Puis ce sont d’immenses parterres de lupins violets qui recouvrent des champs de cendres volcaniques. Ces lupins ont été importés d’Alaska dès 1945 pour coloniser les sols pauvres. Nous nous arrêtons quelques instants pour admirer un champ de cairns. Nous avions prévu de prendre une piste pour rejoindre l’intérieur du pays, mais cette piste n’étant pas encore ouverte, il risque d’y avoir de la neige et des gués difficilement franchissables. Nous y avons renoncé et continuons donc la route N1 sur laquelle il commence à y avoir un peu plus de circulation. À Vik, bourgade très animée de 320 habitants, et localité la plus méridionale de l’Islande, nous ferons la pause de midi après avoir trouvé un coin à l’abri du vent.

Un petit détour nous conduira au sommet d’une falaise de basalte peuplée d’oiseaux marins et qui surplombe une plage de sable noir sur laquelle déferlent de grosses vagues blanches à moitié pulvérisées par le vent. Les trente derniers kilomètres seront très difficiles, avec un très fort vent de face qui souffle en rafales. 
À 18 h nous arrivons enfin à Skogar au pied d’une magnifique cascade et non loin de l’Eyjafjallajökull, ce volcan qui a tant fait parler de lui en 2010. Nous y resterons deux nuits car demain nous irons faire une randonnée à pied.

 

De cascade en cascade


Mardi 19/06/2018 à 19:51 Skogar – Skogar: 17 km à pieds

Ce matin pas besoin de plier la tente, donc nous nous octroyons une petite grasse matinée jusqu’à 7 h 30, d’autant plus qu’il pleut, et que le bruit des gouttes sur la toile résonne fortement à l’intérieur de la tente. Malgré tout, après le petit déjeuner, c’est sous un léger crachin qui va rapidement s’arrêter que nous partons, pour notre balade à pied, 17 km et 1 000 m de dénivellation, le long d’un torrent qui descend de la montagne de cascade en cascade (22 au total).

 

 

Au pied de l’Eyjafjallajökull

Mercredi 21/06/2018 à 00:25 Skogar – Leirubakki: 103km


Youpi ! Ce matin, il y a du ciel bleu et il y en aura toute la journée. On va même attraper des coups de soleil, sans doute la plus belle journée, du point de vue de la météo, de tout le voyage. Il y a bien un peu de vent de face qui va forcir durant la journée mais il ne nous oblige pas à trop puiser dans les réserves pour pouvoir avancer.
Nous repartons donc sur la route circulaire, route que je ne pensais presque pas emprunter au départ, mais les mauvaises conditions météo de mai et de juin ont fait que nous n’avons pas osé prendre des pistes non encore ouvertes à la circulation de peur de se retrouver coincés (une année « normale », elles ouvrent vers le 15 juin).

Nous passons au pied de l’Eyjafjallajökull que nous voyons très bien ce matin, tout en pensant aux fermiers qui habitent au pied du volcan et qui ont certainement eu très peur en 2010. La route traverse une région de pâturages avec quelques troupeaux de vaches, que nous n’avons que très peu vu jusqu’à présent. Il y a également des moutons (mais ça, on en a vu partout) et énormément de chevaux.

Comme souvent, presque tous les jours depuis notre départ, un couple de chevaliers gambettes nous accompagne sur quelques dizaines de mètres en poussant de petits cris stridents. Plutôt sympa, contrairement aux sternes arctiques qui nous attaquent. Si la route n’est pas très agréable, à cause de la circulation de plus en plus intense au fur et à mesure que nous nous rapprochons de Reykjavík, elle nous offre de belles vues sur les montagnes et les glaciers ainsi que sur les îles Vestmann. Ces îles qui abritent une très grande colonie de macareux, ont été formées il y a 11 000 ans par l’éruption de volcans sous-marins (mais l’une d’entre elles est apparu en 1963). Une seule de ces îles est habitée par l’homme et a dû être évacuée en 1973 à cause d’une éruption.

Notre regard se fixe maintenant plutôt sur la droite avec la vue du volcan Hekla tout enneigé. C’est le plus actif des volcans d’Islande, il entre en éruption de manière assez régulière, environ tous les dix ans. Enfin nous quittons la route N1 pour prendre sur la droite une route beaucoup plus tranquille qui va nous conduire jusqu’à un magnifique petit camping où nous pourrons prendre un bain en extérieur dans un bassin d’eau chaude avec vue sur le volcan Hekla. Demain, nous laissons les vélos et quelques bagages au camping pour prendre un bus qui va nous transporter dans un lieu (Landmannalaugar) où nous allons randonner à pied durant deux jours.

Texte : Francis Touzeau (Amicale des Diagonalistes de France) – Photos : Francis Touzeau et Jacques Juillard (Amicale Cyclo Clermontoise)
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