Vélo et sollicitations biomécaniques 

 

De toute évidence, pédaler mobilise majoritairement les membres inférieurs. Autrement dit, le haut du corps ne participe que modérément à l’activité. Un peu de biomécanique avec Daniel Jacob, instructeur fédéral.

De là à dire que le cycliste est hypertrophié du bas du corps et sous-développé au-dessus de la ceinture, il n’y a qu’un pas que certains franchissent. De plus, la position du tronc, penché en avant impose certaines contraintes au niveau de l’ensemble de la colonne vertébrale.

Au niveau lombaire, bien entendu, mais également cervical, dans la mesure où il nous faut redresser la tête en permanence, et parfois pendant des heures.

Les membres supérieurs et la ceinture scapulaire (épaule) ne se mobilisent qu’en isométrie, pour maintenir un minimum de rigidité à l’ensemble et permettre une bonne transmission du coup de pédale. 

 

Sport porté : quelques inconvénients !


Autre particularité biomécanique : sur un vélo, nous sommes portés et n’avons pas à subir les percutions avec le sol, comme lors de la marche ou la course. Plutôt intéressant, diront certains. C’est, en effet un avantage, parfois, pour ceux qui souffrent de certaines pathologies articulaires, mais un inconvénient pour le commun des mortels.

En effet, la marche ou la course, précisément de par l’impact au sol, à chaque pas, sollicite la structure osseuse. Or, comme tout ce qui nous constitue : os, muscle, peau, cerveau ce qui ne sert pas, s’atrophie, dégénère. Les matériaux qui structuraient un organe peu sollicité sont récupérés pour être utilisés ailleurs. Nous sommes donc condamnés à solliciter en permanence tous nos organes et entretenir harmonieusement l’ensemble de nos grandes fonctions.

C’est d’ailleurs ce qui justifie cette recherche d’un hypothétique sport complet. Un manque de percutions de la structure osseuse peut entraîner ou, du moins favoriser, une déminéralisation (et en particulier une décalcification) de cette structure. Le cyclisme, de ce point de vue, est peu sollicitant. 

Entre le concentrique et l’isométrique, une petite place pour l’excentrique !


Toujours, du simple point de vue biomécanique, le pédalage se différencie radicalement des autres pratiques sportives par la nature des contactions musculaires exigées. Le simple fait que ce soit un sport porté, comme nous l’avons caractérisé plus haut, il n’y a aucune phase d’amortissement. Il n’y a donc pas de sollicitation excentrique.

Ça n’a l’air de rien, mais, ne sous-estimons pas ce manque. Les groupes musculaires ont besoin d’être sollicités sur ce régime excentrique, voire pliométrique (amorti et rebond). Il en va de la qualité de nos tendons et plus globalement des structures myotendineuses (ensemble muscles-tendons).

Le bon compromis « Compliance versus Raideur active » est à trouver. Avec une préférence pour la raideur active, de ce point de vue, là encore le cycliste est en manque. 

 

Retrouvez l’article complet dans la revue Cyclotourisme d’octobre 2020. 

Cyclotourisme, la revue officielle de la Fédération française de cyclotourisme. 

 

Texte : Daniel Jacob, instructeur fédéral– Photos : Jean-Luc Armand
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