À Vélo… Tout simplement – Nairobi – Addis Abeba

16 septembre – 15 octobre 2017.En quittant Nairobi, nous avons le choix. Plein nord, en longeant le mont Kenya puis une longue traversée désertique pour arriver à Moyale. Ville frontière avec l’Ethiopie. L’avantage de cet itinéraire est qu’il est goudronné, que la sortie du Kenya se fait aussi facilement que l’entrée en Ethiopie car il y a un poste frontière.
Soixante cinquième épisode. *À suivre

Mais nous avons préféré une sortie plus incertaine… Nous avons repéré sur notre carte une frontière plus à l’Ouest, coincée entre le Soudan du Sud et le lac Turkana.
Notre seule préoccupation est qu’il n’y a pas de poste frontière coté Kenya. Donc si nous ne sortons pas officiellement du Kenya, nous pouvons être embêté pour rentrer en Ethiopie.

Avant de quitter la capitale, nous allons donc poser la question au bureau d’immigration. La personne rencontrée, n’a aucune idée de la procédure à suivre.  Nous lui demandons alors de nous mettre un tampon de sortie du Kenya. Ce qu’elle fait immédiatement. En reprenant nos vélos, nous sommes des clandestins. Officiellement sortis du Kenya, nous n’avons pas vraiment droit à l’erreur.

Direction Nakaru


La route qui nous mène à Nakaru est bien asphaltée. Nous avons de joli points de vues sur la vallée du Rift. Preuve irréfutable de notre remontée, nous repassons en hémisphère nord. Par contre, nous perdons le goudron qui laisse la place à une piste assez peu entretenue.

Nous commençons à croiser des tribus vêtues en habit traditionnel. Souvent un pagne autour des jambes, faisant penser à une mini-jupe et une coiffure surélevée d’une plume. Cela donne aux garçons une allure peu virile, mais le fusil porté en bandoulière n’incite pas à la moquerie. La région n’est pas véritablement un havre de paix. Les différentes ethnies se volent le bétail, se brulent les champs et occasionnellement se tirent dessus. Certains arborent fièrement un collier prouvant qu’ils ont débarrassé l’autre communauté de l’un de ces membres.

A notre passage, nous ne ressentons aucune hostilité nous concernant. Mais l’armée qui patrouille dans la région nous conseille fortement de ne pas nous attarder, de dormir dans des endroits sécurisés. C’est ainsi que nous rencontrons Georges et son équipe. Ils sont et font la police à proximité du village de Tot et acceptent que nous plantions notre tente à coté de leurs baraquements.

Quelques jours plus tard, ayant rejoint la grande route, ce sont encore les militaires qui nous interdisent le passage à vélo. Ils nous convoieront à bord d’un véhicule de l’armée sur 50 kilomètres pour éviter une zone ou les tensions sont assez fortes entre Pokots et Turkanas. Tous les véhicules que nous croisons sont d’ailleurs accompagnés par un militaire en arme. Cela nous permet de rejoindre tranquillement la ville de Lochikar en évitant la poussière et le mauvais état de la piste. Avant Lodwar, notre dernière ville Kenyane, on nous avait promis le retour du goudron. Effectivement, nous en avons aperçu quelques traces datant de l’occupation Anglaise…

Lodwar

A Lodwar, nous préparons la suite en faisant quelques provisions, car nous ne pensons pas trouver beaucoup de choses sur cette partie. Encore un peu de goudron pour rejoindre le lac Turkana avant de laisser la place au sable. Longs passages à pousser le vélo, à essayer de trouver de l’eau, qui est le principal problème de cette région désertique, malgré la proximité du lac salé Turkana. Des trous dans le lit des rivières permettent l’approvisionnement aux villageois. Nous en profiterons également.

Cette partie du Kenya est un peu reculée, peu touristique. Les contacts avec les Turkanas sont agréables. Souvent curieux de voir des blancs, surtout à vélo, venus s’aventurer par ici. Tout au long du trajet, nous découvrons également des missions venues apporter leur aide aux habitants. Nous dormirons d’ailleurs dans cet endroit peu probable situé au sommet d’une colline. Le père Evelino y a construit une guest-house, un terrain d’atterrissage, une église. Une petite usine de traitement de l’eau salée, des cultures… Impressionnant une fois de plus.

Pour notre dernière nuit au Kenya, nous dormons chez les policiers. Baraquement en ruine, eau qui manque, pas d’électricité, chaleur étouffante.  Nous y passons une nuit. Eux sont relevés une fois par an. Ils sont là pour garder cette partie entre Kenya et Ethiopie où les tribus se battent l’accès au lac.

Ethiopie


Coincé entre le Soudan du Sud, le Kenya et l’Ethiopie, nous parcourons un no mans land en suivant de vulgaires traces de pneus. Au passage des habitations Samburus, les enfants s’enfuient en nous voyant. Puis nous arrivons en Ethiopie. Enorme surprise. Nous découvrons une nouvelle route toute bitumée. A Omoraté, le village frontière, nous allons faire tamponner notre visa. Simple formalité. Finalement personne ne s’est inquiété de notre sortie précoce du Kenya, le tampon de sortie n’était pas nécessaire. Nous en profitons également pour changer nos derniers Shillings en Birr, la monnaie Ethiopienne, à un taux peu intéressant. Mais ici, il n’y a pas de banques et nous sommes content d’avoir trouvé un changeur, sinon, nous n’avions pas un sou pendant au moins une semaine.

Dans cette vallée de l’Omo, nous sommes émerveillés. Les tribus que nous côtoyons semblent sortis d’un reportage télévisé. Nous aurons la chance d’arriver un jour de marché au village de Turmi. Les Hamers viennent y vendre et acheter du grain, des animaux…

Plus loin, nous irons chercher de l’eau avec les Murcis, vêtus seulement de peintures corporelles. Tout au long de notre remontée, nous partagerons quelques moments avec ces habitants. Cela se fait dans un respect mutuel. Il est toujours impressionnant pour nous de serrer la main de ces personnes hautes en couleurs, et demander à planter notre tente à côté d’une hutte. Petit à petit, nous reprenons de l’altitude et quittons cette région incroyable.

Konso


A Konso, nous quittons les peuples du sud et entrons « vraiment » en Ethiopie. C’est d’ailleurs ici que nous nous rendons compte que nous avons retrouvé la conduite à droite… (après presque 400 km)
Nous avions déjà lu des blogs de voyageurs à vélo sur la difficulté de pédaler en Ethiopie du fait de l’agressivité des gamins au bord des routes… Mais entre le lire et le vivre…
Vraiment dur. Il ne se passe pas un kilomètre sans tomber sur ces abrutis qui nous courent après, qui lancent des cailloux, qui essayent de nous faire tomber.

Autant nous arrivons « presque » à pardonner aux enfants, que la bêtise des ados et adultes nous rend parfois fous.
Au jeu du plus con, ils ont une longueur d’avance, mais nous avons quand même gagné quelques belles parties. Comme ces crétins à mobylette, trop occupés à voir comment ils pouvaient nous mettre un coup de pied dans la roue avant et qui se sont mangé un camion arrêté au bord de la route.
Cet abruti à vélo, vociférant des insultes et qui n’a toujours pas compris comment il s’est retrouvé dans une mare d’eau bien boueuse.

Sodo


A Sodo, cet homme habillé en costume gris, chemise rose, chaussures brillantes, qui n’arrêtait pas de toucher aux vélos, de nous taper sur l’épaule en réclamant « Money, Money » alors que nous étions occupés, s’est pris une claque dont il ne doit pas se vanter.

Car la bêtise n’est pas l’apanage des enfants où des paysans du bord de route. Elle est partout…. Pas une minute sans entendre « Faranji, money, money » des milliers de « you, you, you » qui nous vrillent les tympans à longueur de journée, des jets de pierres, qui heureusement n’atteignent qu’exceptionnellement leur cible, c’est à dire nous, des tirages de sacoches, des danses ridicules au milieu de la route, des barrières humaines pour nous impressionner….

Nous avons beau nous convaincre que nous avons les mêmes en hexagone, lors du « Tour de France », qui gueulent, courent, se déguisent, brandissent des mains géantes, essayent de toucher le cycliste. Nous comparer aux champions n’est qu’un faible soulagement.
A la fin, nous essayons de les ignorer, ne faisons même plus l’effort de sourire ou de répondre. Ils nous épuisent

Heureusement, nous avons croisé quelques, très rares, personnes intéressantes avec qui nous avons pu échanger, dialoguer ou partager un repas. Pour le reste, nous avons roulé et atteint la capitale Addis Abeba plus rapidement que prévu. Pas envie de s’attarder, de faire du tourisme.

Bon point tout de même, les routes sont peu fréquentées et les conducteurs sont respectueux, voire compatissant avec nos écarts pour éviter un bâton ou une main tendue.

Ici à la capitale nous avons trouvé une petite pension dans le quartier populaire de « Piazza ».
Nous avons boycotté les hôtels mieux équipés et correspondant aux normes occidentales, car ils pratiquent des tarifs « locaux » et « étrangers ».
Nous qui pensions nous faire un peu plaisir…

* Ce sont les paroles et photos de Patricia et Christian que vous retrouvez tout au long des reportages.
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