À Vélo… Tout simplement – Namibie – Upington – Sossusvlei

22 mai – 8 juin. Nous étions bien chez nos hôtes à Upington. Mais il faut savoir reprendre la route. Une fois de plus nous sommes étonnés par notre facilité d’adaptation. Passer d’un confort bourgeois à une vie de SDF. Quitter une maison toute droite sortie d’un magazine art déco pour nous retrouver sous la tente… Nous avons repris la route et sommes passés en Namibie. Passage de frontière très facile. A part un décalage horaire de 1 heure, nous avons l’impression d’être dans le même pays. Même langue, mêmes routes désertiques, mêmes clôtures le long des immenses propriétés. En plus, la monnaie Sud-Africaine est acceptée au même titre que le Dollar Namibien.
Cinquante neuvième épisode. *À suivre

Ai-Ais
Notre première oasis.  Située à la fin du fish river canyon. Ai Ais est un complexe touristique. Pour nous c’est un détour obligé pour nous ravitailler dans la petite boutique du complexe, car la dernière ville traversée est loin derrière nous. En plus de refaire le plein, nous allons nous y reposer une journée complète, profitant de la piscine naturellement chaude et du restaurant. 
Le camping est sympa, car bien ombragé, mais attention aux Babouins qui sont à l’affut du moindre oubli… Patricia en fera l’amère expérience. Une minute d’inattention et un sac laissé sur une table est emporté par un imposant babouin. Heureusement, le sac ne contenait pas de nourriture, Patricia a pu récupérer tout le contenu, un peu éparpillé dans le camping.
Ai-Ais est également la porte de sortie d’un trek de 5 jours qui suit le fish River Canyon. Arrivent ici les randonneurs qui semblent tous bien épuisés.

 

Comment rouler sur les pistes de Namibie.
Au camping d’Ai Ais, nous faisons la connaissance de Kota, Un Namibien venu attendre ses amis qui effectuent la randonnée. Rapidement nous sympathisons, partageons bières et Brai (BBQ). Kota a du temps à perdre, car ses amis sont partis depuis seulement un jour. Dans le meilleur des cas, ils en mettront 4 pour rejoindre Ai Ais.

Kota se propose de nous avancer pour aller découvrir Hobas. Un point de vue en hauteur sur le fish river canyon. Cela tombe bien, c’est notre itinéraire.

Le lendemain, nous chargeons vélos et bagages à l’arrière du pick up et nous installons tant bien que mal à trois dans l’habitacle prévu pour 2.
La route défile vite. Une impression d’être sur un coussin d’air. On ne sent pas du tout la tôle ondulée qui sur notre vélo est un véritable supplice. Etonné, je jette un coup d’œil au compteur qui affiche 130 km/h.  J’en fait la remarque à notre chauffeur qui m’explique : – « Pour ne pas sentir les bosses, il faut rouler sur le sommet de celles-ci. Pour ce faire, il faut de la vitesse. » (Cf le salaire de la peur).
Cela ressemble vraiment à de la conduite sur glace…Pour Kota, ce n’est pas un problème, il ne connaît que cela.

 

Fish River Canyon
Nous arrivons donc à Hobas en 1h45, pause déjeuner comprise. Kota nous ayant offert le repas dans un somptueux lodge situé au milieu de nulle part. 
Pour nous il aurait fallut au minimum une journée pour parcourir ces 80 kilomètres.
Le fish river Canyon est le deuxième plus grand canyon après Le grand canyon (USA) Hobas est situé dans un parc national. C’est également le point de départ du fameux trek. Plusieurs points de vue sont aménagés pour admirer le Canyon d’en haut. Les vues y sont impressionnantes, magnifiques, imprenables.. Une fois de plus nous en prenons plein les yeux.

 

Road House Canyon.
Situé à une dizaine kilomètres au nord de Hobas. C’est un bar, restaurant, camping. La décoration est très « route 66 ». Des vieilles voitures un peu partout, de vielles affiches… C’est ici que nous passerons la nuit et boirons nos dernières bières avec Kota qui lui retourne à Ai Ais attendre ses potes. Qu’il soit ici à nouveau remercié pour son immense générosité.

 

Instant de grâce.
Ce n’est pas tous les jours que l’on sauve un animal sauvage… Devant nous, un troupeau d’Oryx. Magnifiques bêtes avec leurs cornes de plus d’un mètre. En nous voyant les animaux prennent la fuite, s’arrêtent, repartent dès que nous approchons. Cela dure un certain temps, jusqu’à ce qu’ils trouvent une barrière un peu moins haute pour la franchir et s’enfuir dans la savane. Tout le troupeau arrive à passer la barrière sauf un qui s’entrave dans le grillage.
Les 4 Pattes coincées et inextricables. Avec tous les efforts qu’il entreprend pour tenter de se remettre sur pieds, il aggrave son cas.  Nous savons qu’il va rester coincé là jusqu’à épuisement et jusqu’à la mort. Nous avons déjà pu voir des squelettes encore accrochés à ces foutues barrières. Alors que je pense que cela ferait un beau steak pour ce soir, Patricia, me dit que nous devons le sauver, car c’est un peu notre faute s’il est là. Nous avons affolé le troupeau par notre présence…
Je voyais pas ça comme ça. Pensant plus qu’ils n’avaient qu’à nous regarder passer au lieu de s’enfuir… Et que ce n’est pas nous qui avons posé ces fichus grillages…  Mais bon. Patricia à déjà abandonné son vélo et se dirige vers la pauvre bête qui, nous voyant approcher redouble d’efforts pour fuir et s’entrave encore plus. Arrivés sur les lieux, il est évident que la bête ne s’en sortira pas toute seule. Par contre il nous faut faire attention de ne pas prendre un coup de corne. Esquivant les coups de tête, nous arrivons tant bien que mal à sortir une patte, puis 2, puis 3 du grillage. Par contre la 4ème est bien coincée. Et il nous faut maintenant éviter les coups de sabots des pattes libérées… Nous sentons le souffle de l’animal, voyons ses yeux révulsés de terreur. Nous profitons d’un moment où l’animal semble résigné sur son sort et ne bouge plus, pour lui attraper le cuisseau arrière, tirer dessus pour libérer un peu de grillage, dégager un ongle, maintenir le sabot, faire passer l’excroissance de derrière le sabot à travers le fil de fer… ça y est l’Oryx est libre. Et c’est à ce moment que se produit l’inoubliable. Cet instant magique où le monde s’arrête.
En une fraction de seconde l’Oryx est de nouveau sur ses pattes. Nous sommes face à face. A peine 10 cm nous séparent… D’un seul coup de tête il aurait pu nous ouvrir en 2, nous empaler sur ces magnifiques cornes. Mais non. Nous nous regardons et il tourne les talons…

Nous le regardons partir, puis courir pour rejoindre le troupeau. Il ne boite pas. De nouveau il paisse avec les autres. Nous regagnons nos vélos heureux. La piste défoncée nous paraît plus roulante.   Ce soir notre biltong (viande séchée) d’Oryx aura un goût différent. 

PS : Si nous avions eu une pince coupante cette opération aurait pris 2 minutes, alors que nous avons galéré 20 minutes à libérer cette magnifique bestiole. De la journée, nous n’avons pas vu un véhicule. Mieux vaut ne pas avoir de problème….

 

NamibRand nature réserve
La piste est vraiment mauvaise depuis au moins 300 kilomètres. Peut-être pour cela que nous ne rencontrons personne. Elle est constituée de 5 cm de sable recouvert de gravier. Pas vraiment le pied à pédaler. Nous nous enfonçons et n’arrêtons pas de changer de voie pour essayer de trouver du « dur ».

Cette piste, traverse une réserve. Il est strictement interdit d’y camper, car y vivent des animaux sauvages… Mais comment faire quand on est à vélo et que l’on avance de 60 km par jour. (La réserve en fait 80) ?  Bien obligé de poser sa tente à un moment.

La nuit est envoutante. Nous écoutons les chacals qui hurlent au loin, nous entendons les troupeaux d’Oryx, kudus, peut être Zèbres qui passent sur la piste, s’arrêtent brouter cette herbe jaune si particulière à la savane. La nuit semble plus vivante que la journée.

Au matin, nous découvrons même à quelques pas de notre emplacement des empreintes de gros chat. (Léopard ?) surement très intéressé à suivre les Kudus ou autre repas sur pattes.

Dans la journée, nous verrons un grand nombre d’Oryx, mais pas de girafe, ni de prédateurs.
Patricia apercevra six zèbres que je n’ai pas vu, trop occupé à maintenir le vélo dans la bonne trajectoire…

 

Perles de pluie
Le désert de Namibie est réputé pour être l’un des plus sec, des plus arides du monde. Moins de 5 % d’humidité.
La journée a été très pénible. En plus de la mauvaise qualité de la piste, nous avons un vent de face à décorner un Oryx. Tout le paysage est brouillé par les particules de sable. Nous sommes obligés de rouler en nous protégeant le visage. Le vent nous assèche et ralentit notre progression. A court d’eau, nous nous arrêtons dans un endroit sorti de nulle part et qui porte bien son nom. « Le mirage ». Un hôtel 5 étoiles avec piscines, SPA…en plein désert.  
Nous faisons le plein d’eau dans un décor somptueux, mais sommes obligés de reprendre la route. L’établissement n’accepte pas les campeurs.  Nous planterons notre tente à 1 km de cet hôtel de luxe, incapable d’aller plus loin.
Au petit matin, nous sommes réveillés par un bruit anormal sur la tente. Il nous faudra un certain temps pour réaliser qu’il pleut. Incroyable. Notre tente et recouvert de perles de pluie venues d’un pays où il ne pleut pas. Arrivés à Sesriem, les locaux nous confirmerons que c’est très exceptionnel.  Tout comme la température vraiment froide qui règne sur le camping. Mais nous sommes chanceux, car au même instant une tornade est en train de s’abattre sur Cape Town.

Sossusvlei
A Sesriem le camping, lodge, shop, station-service est plein. Nous y rencontrons même nos 2 premiers cyclos d’Afrique. 

Nous échangeons rapidement des infos avec celui qui part au sud. Un Japonais. Le deuxième, est un jeune d’Afrique du sud qui vient d’arriver et qui va au nord.  Rapidement, nous décidons de partager l’emplacement camping et de nous organiser pour aller à Sossusvlei.
Sossusvlei est un incontournable de Namibie. Des dunes géantes aux couleurs oranges. Un lac asséché avec des arbres morts centenaires… 

Seul problème, toutes ces merveilles sont situées à 62 km de Sesriem, à l’intérieur d’un parc national ouvert seulement de 7h à 17 heures. Il est strictement interdit d’y passer la nuit. Donc impossible d’y aller à vélo.  Il ne nous reste que le stop…. Dans l’après-midi, nous essayons la formule. Pas fructueuse du tout… C’est un peu normal, Toutes les voitures reviennent du site. Nous aurons plus de chance le lendemain matin, à l’ouverture des portes.

Nous retournons au camping, faire un peu de lessive et nettoyer un peu les vélos.

Dans la nuit, le camping se remplit encore un peu plus. Un Overlander vient d’arriver. Les Ovrelanders, ce sont ces gros camions, qui transportent des groupes à travers l’Afrique. Le trajet le plus commun part d’Afrique du Sud (Cape Town) jusqu’aux Chutes Victoria en Zambie.

Lors du montage de camp, j’entends que ce sont des Français. Demain ils se lèvent à cinq heures pour aller voir les dunes.

Le lendemain, nous nous levons également à 5 heures. A 6 heures, je vais voir le groupe pour savoir s’ils n’auraient pas une petite place pour 3 pauvres cyclos…. Je demande au guide qui m’informe que le camion est plein, mais que si le groupe est d’accord, nous pouvons rester debout et profiter du trajet.

Je monte donc dans le camion pour demander l’accord de squatter l’allée centrale. Et là. Preuve que le monde est minuscule. Une lampe frontale m’éblouie (il fait encore nuit). Son propriétaire lance ? Ben SERRET, qu’est-ce que tu fous là ?

Interloqué et n’ayant pas encore réalisé qui m’apostrophe, la personne, prend les choses en main et décide unanimement que bien sur nous pouvons profiter du trajet.

Ce n’est qu’après que je reconnais Daniel Sarret. Un copain des cyclotouristes Grenoblois… 

Nous sommes vraiment bien tombés. Un groupe super sympa, constitué de 12 personnes dont quelques cyclos de Bernin… C’est un peu comme si nous nous connaissions tous depuis longtemps.

Ensemble nous profitons donc des merveilles de la Namibie.  Admirant la dune 40, escaladant la dune 45 (le numéro est en fonction du kilométrage effectué). 

Nous profitons des explications en Français de leur chaleureux guide. Nous profitons même d’un repas préparé par le cuistot de l’organisation.

Pour aller au lac asséché, il y a une sale partie sableuse. Il faut donc prendre des véhicules 4×4 qui savent rouler dans le sable. Le prix est exorbitant pour seulement 5 km aller. Nous décidons, les 3 cyclistes, de marcher. Mais un chauffeur de navette aura pitié de nous et nous prendra à son bord. (Idem au retour). Le lac asséché est impressionnant avec ses arbres morts depuis 600 ans.

Ils sont restés intacts du fait d’un taux d’humidité proche de 0. Les dunes qui l’entourent ont quelques 8 millions d’années.

L’histoire de la formation des dunes, du lac… est très intéressante, mais trop longue à écrire ici.

Retour au camping avec notre petit groupe, après avoir passé une excellente journée.

Into the wild.
Nous avons bien accroché avec Derek. Du coup, nous reprenons la route à 3. Et c’est tant mieux, car le vent est toujours aussi puissant et, bien évidemment, nous l’avons de face. A trois c’est donc plus facile de se motiver. Comme tous les jours depuis maintenant une bonne semaine, il se lève l’après-midi pour se transformer en tempête. Cela ralenti notre progression, mais ne nous arrête pas. Passage à solitaire qui porte bien son nom. Puis passage du tropique du capricorne. Preuve irréfutable que nous avons amorcé la remontée vers le nord. Derek, du haut de ses 21 ans, découvre le voyage. C’est un inconditionnel du film Into the wild.  Du coup, nous jouons le jeu. Evitons systématiquement les campings, cuisinons au bois… (que nous transportons au gré des trouvailles)
Nous lui apprenons à trouver le bon bivouac, à se réapprovisionner en eau auprès des véhicules qui nous dépassent… Nous demandons également la possibilité de camper dans la cour des fermes (quand il y en a…) Cela nous permet souvent de prendre une douche. Pour nous, il est plaisant de rouler avec le gamin. En plus de parler l’Afrikan (et donc de le laisser négocier), sa découverte de la vie nous fait sourire. Premier bivouac, premier col, première négociation… 

Trop de…
Trop de vent, trop de sable, trop de pistes pourries, trop d’étoiles dans le ciel. Mais surtout trop de mails upercut qui nous sonnent, nous renvois dans les filets.

« Anne Marie (ma cousine germaine) nous a quitté ». « Maman est à l’hôpital » …

* Ce sont les paroles et photos de Patricia et Christian que vous retrouvez tout au long des reportages.

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