À Vélo… Tout simplement
Dix neuf jours de vélos pour rallier Prince George distante de deux mille kilomètres de Whitehorse. Nous vous résumons ce passage de quelques morceaux choisis .
Vingt quatrième épisode * À suivre

Whitehorse – Prince George (30 mai – 18 juin 2015)

Le lièvre et les tortues
En quittant Whitehorse, nous sommes rattrapés par Joshua. Un cycliste Australien parti de Fairbanks pour un tour du monde. Deux sacoches arrière uniquement. Il mange froid et dort dans un hamac. Son objectif rallier Ushuaia en moins d’un an. Distance par jour : deux cents kilomètres. Nous roulons un peu ensemble, mais il est évident que nous ne tenons pas le rythme. Notre première rencontre pour un même trajet jusqu’au sud. Sur la Cassiar Highway, nous croisons également Beatrix et Juan. Eux arrivent d’Argentine. Partis en 2013, ils prennent leur temps pour arriver à Anchorage terme de leur périple. Nous échangeons les informations sur nos routes en se préparant un bon repas chaud à l’abri de la pluie.

Les pieds nickelés font du vélo
De Whitehorse à Watson Lake, nous suivons l’Alaska Highway. Sur cette route il y a de belles parties avec de magnifiques paysages. Il y a également des parties un peu plus monotones quand la route serpente entre les forêts. Précisons également qu’il n’y a rien. Pas d’habitations. Seulement quelques très rares panneaux d’indications. Ce matin-là, nous quittons un superbe lieu de bivouac au bord d’un lac. Bille en tête, nous reprenons la route. Nous roulons bien. L’esprit vagabondant ou bon lui semble, nous en oublions la route. Il nous faudra soixante kilomètres pour nous rendre compte que nous sommes en train de pédaler dans le mauvais sens. C’est en croisant un panneau indiquant la prochaine station-service à trente kilomètres que nous réalisons que nous y sommes passés la veille…. Aucun de nous deux ne s’est rendu compte avant de cette bévue.
Au bout de cent vingt kilomètres, nous arrivons à notre lieu de départ. Dire que nous aurions pu passer cette journée maussade dans le duvet…. De rage, mais surtout histoire de dire que nous avons quand même un peu avancé, nous continuons la route, battant ainsi notre record de kilomètres en une journée. 
Fatigués, nous plantons la tente vingt kilomètres plus loin que la veille. Le compteur totalise lui cent quarante kilomètres. Jurant que l’on ne fera plus la même erreur, nous traçons une flèche sur la route nous indiquant le chemin à suivre.

Seuls au monde 
Sur l’Alaska Highway, il n’y avait pas grand-chose. Sur la route 37 qui relie Watson Lake à Kitwanga (également appelée la Cassiar Highway) c’est encore pire. Il faut avoir des provisions pour plusieurs jours. Par malchance un peu avant Watson Lake, j’ai cassé notre réchaud à essence. Le raccord de la pompe n’a pas résisté à une mauvaise chute. Nous nous retrouvons donc avec uniquement la partie gaz pour nous concocter de bons petits plats (à base de pâtes ou de riz). Confiant en la « grande » ville du parcours, Watson Lake et ses 1 000 habitants, nous faisons le détour (42 km A/R) pour nous ravitailler en nourriture et en gaz. Nous trouvons une supérette, mais pas de bouteilles de gaz. En faisant le tour de la ville (ce qui est très rapide), nous comprenons vite que nous n’en trouverons pas avant Prince George, soit dans quatorze jours. Les repas étant pour nous le carburant qui nous fait avancer, mais également et surtout le plaisir du soir, nous décidons d’investir dans le réchaud « local », avec la certitude de trouver des recharges de gaz dans tous les commerces. Encombrant et lourd, il nous dépannera bien.
Quelques jours plus tard, nous croisons Patrick. Persuadé qu’au pays de « MSR », il pourrait changer ses cartouches de gaz…. Cela fait une semaine qu’il mange froid à même la boîte de conserve…. Nous lui offrons l’unique bouteille de gaz restant de notre ancien réchaud. Il pourra enfin manger chaud, car les températures sont bien basses.

Les rencontres 
Énormément de rencontres avec la faune. Nous avons plus rencontré d’ours que d’humains…. Parfois six ours en une journée. En fait, ces gros mammifères plantigrades sont plutôt froussards (et c’est tant mieux).  Dès qu’ils nous entendent ils détalent. Nous les apercevons sur le bord de la route un peu balourds (pour ne pas dire Baloo…). A notre approche, ils se dressent sur leurs pattes arrières pour identifier les intrus. Puis continuent leur route, ne prêtant guère attention à nous… C’est surtout la nuit que nous les craignons, car notre tente n’est pas « Bear Proof » et que notre nourriture n’est pas à partager….
Parmi les rares rencontres humaines, nous avons déjà cités les cyclistes. Mais n’oublions pas nos amis pêcheurs du lac Kinaskan. Avec leur énorme caravane, leur immense Pick up, leurs sièges à l’effigie du Canada. Après avoir répondus aux questions d’usage sur notre voyage, ils nous invitent à leur table. Une réserve de vin à faire pâlir Depardieu, Du bon vin blanc du Chili, du poisson… Nous passons une agréable soirée, avec en prime une réserve de poissons pour le lendemain.
Il y a aussi la rencontre avec Mickaël Toma. Photographe professionnel de vie sauvage. Avec un bon verre de vin (rouge cette fois-ci), nous admirons ses photos pendant qu’il nous explique les heures de planque dans la neige, le repérage des traces. Passionnant.
La rencontre avec Karl. Alors que nous attendions sous un maigre toit que l’orage passe, il est venu vers nous avec son énorme 4×4. Une fois les présentations faites, il nous a proposé de charger les vélos et de nous emmener chez lui pour passer la nuit au sec. En arrivant nous ne sommes pas les seuls invités. Un Chinois et une Japonaise sont déjà présents depuis quelques jours dans l’immense maison. En fait, c’est un prédicateur d’une des nombreuses églises du coin dont je ne me souviens plus du nom (Le Christ qui saigne et pleure son retour ou quelque chose comme ça
).
Nous avons droit à la totale. La bénédiction du repas, les affiches aux murs…. Et un excellent repas avant la bonne nuit.  Le matin nous quittons la maison. Tout le monde est déjà parti….
Merci pour ce chaleureux accueil.

Les paysages 
Toujours aussi magnifiques. Un peu moins quand il pleut, ce qui est le cas un jour sur deux… Nous faisons même un détour sur Stewart pour admirer le « Bear glacier » dont nous ne voyons pas le sommet. 
En fait, les 130 km de détour pour Stewart nous ont surtout permis d’aller nous approvisionner, étant donné que c’est le seul village. En plus, il est frontalier avec l’Alaska, ce qui nous permet de retourner aux États-Unis (il n’y a pas de poste frontière) et de suivre la rivière où les ours viennent s’approvisionner en Saumon… fin août.
Pour le reste, toujours de belles montagnes, de beaux lacs… Un pur bonheur de rouler ici.

À suivre * Ce sont leurs paroles et photos que vous retrouvez tout au long des reportages.
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