Nature : Qui l’eût « crue »

Lorsqu’on franchit la barre de collines au nord de Nîmes, on bascule vers la vallée du Gardon, rivière généralement paisible qui coule à Alès et passe sous les arches du pont du Gard. Avec ce texte, Marcel Vaillaud nous incite à la flânerie et la découverte.

Les petites routes du coin permettent des échappées agréables sur le cours d’eau. On a vraiment du mal à imaginer un fleuve monstrueux envahissant cette vallée, une masse d’eau colossale qui noie tout sur son passage. Ces événements rares sont le corollaire de ce qu’on appelle un « épisode cévenol », des pluies violentes qui s’abattent pendant plusieurs heures, nuages stationnaires au-dessus d’un pays et qui se vident sans discontinuer. L’eau court de ruisseaux en fossés, de drailles en chemins, inondant rues et jardins, « embâclant » tout ce qui peut flotter et constituant de redoutables barrages. Tout ça se retrouve finalement dans le Gardon, qui s’engouffre à l’étroit dans ses gorges, montant de 20 mètres et plus. Deux exemples suffiront.

Incroyable mais vrai
Dions, charmant village au bord de la rivière, ses platanes séculaires et majestueux ; sur la petite tour d’angle de la photo, située en bas du village, le souvenir de crues remarquables, 1907, 1958. Pour celle de 2002, la tour n’était pas assez haute. Il faut aller en voir la marque au pont St Nicolas que franchit la route de Nîmes à Uzès. Construit de 1245 à 1260, haut de 27 m, pas moins, c’est depuis toujours un lieu de passage névralgique qui devait résister aux raz-de-marée périodiques du Gardon. Mission accomplie, respect ! Mais comment imaginer que le Gardon soit passé au-dessus du pont, emportant une partie du tablier ? La plaque commémorative est à trois mètres au-dessus de la route. On est à 30 m environ de l’étiage !
Cette force colossale a le mérite au pont du Gard de préserver les rives des « marchands du temple ». Leurs baraques seraient impitoyablement emportées. Les Romains avaient su construire des arches amples pour laisser passer les crues dévastatrices et les troncs d’arbres qu’elles charrient. Dans le climat méditerranéen de chez nous, il y a deux saisons des pluies. La plus forte est celle d’automne, c’est la plus risquée. Tout peut arriver après le 15 août. Fort heureusement, le pire n’est jamais sûr et surtout pas fréquent !

Vidéo à découvrir

Texte : Marcel Vaillaud

 

 

 

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